



Le risque semble omniprésent dans la vie quotidienne contemporaine. À partir du moment où nous nous réveillons jusqu’au moment où nous nous endormons (et même lorsque nous dormons!), nous pouvons être engagés dans une certaine forme de prise de risque ou de gestion des risques. Que porter, que manger, avec qui se lier d’amitié, que regarder en ligne, combien parier sur ce jeu, à quelle vitesse conduire, combien de temps reporter ce devoir, comment se sentir, combien boire au pub - dans toutes ces décisions, nous pouvons faire des calculs plus ou moins conscients sur les types de risque que nous prendrons, et leurs conséquences pour nous à terme. Parfois, nous pouvons être inconscients des risques apparents auxquels nous sommes confrontés dans notre vie quotidienne. Nous ne réfléchissons pas toujours à deux fois avant de sauter sur nos vélos sans porter de casque, ou de nous prélasser au soleil sans chapeau. De même, nous pouvons développer une perception exagérée des risques qui nous entourent – nous pouvons être anxieux à l’idée de prendre l’avion, par exemple, lorsque les données statistiques nous indiquent que c’est beaucoup moins risqué que de conduire.
Au-delà de nos perspectives personnelles, les risques pullulent aussi. Des organisations dépensent une énergie considérable pour essayer de connaître et de régler les risques. Les gouvernements nationaux, par exemple, tentent de gérer les risques économiques en ajustant les leviers macroéconomiques. Les villes zonent leurs quartiers selon les riques d'inondations, d’incendies ou d’autres catastrophes. Certaines entreprises minimisent les risques associés à leurs produits (pensez aux compagnies de tabac, par exemple). D’autres ont un intérêt direct à amplifier l’inquiétude collective autour de certains risques (pensez aux entreprises de médias qui se disputent l’attention du public et aux compagnies d’assurance qui cherchent à nous assurer contre un nombre croissant d’incertitudes).
Formé en 2015, le groupe de recherche CISSC regroupe des chercheurs issus des disciplines de l’anthropologie, des sciences humaines appliquées, de la géographie et de la sociologie, ainsi que des beaux-arts, qui ont porté leur attention sur l’étude et la théorisation du risque, et en on fait l'un des domaines les plus dynamiques de la recherche interdisciplinaire à Concordia.
Questions clés
- Comment les perceptions du risque (matériel, symbolique et émotionnel) façonnent-elles la culture au niveau des pratiques, de la production, des relations et du développement?
- Comment les êtres non humains figurent-ils dans les calculs du risque, à la fois en tant que « sujets risqués » et sujets à risque?
- Comment déconstruire au mieux les risques d’environnements discriminants (qu’ils soient racistes, sexistes, capacitistes ou discriminatoires par d’autres moyens)? Comment comprendre au mieux les risques objectifs que ces environnements posent pour les gens, et l’expérience qualitative tout aussi importante (mais différente) de ce risque?
- Comment les organisations gèrent-elles les risques dans le contexte de leurs activités quotidiennes et quelles conséquences (intentionnelles ou non) découlent de ces efforts de gestion des risques?
- Comment le risque est-il marchandisé et quantifié en termes économiques (par exemple, dans le secteur de l’assurance) et quels effets ont ces calculs sur la structure sociale du risque et sur nos expériences individuelles?
- Comment les risques sont-ils évalués et quantifiés dans la recherche en santé, les soins de santé et les systèmes de santé publique, et quels effets ces systèmes ont-ils sur la gouvernementalité des modes de vie, sur notre compréhension de la santé et de la maladie et sur notre expérience individuelle du bien-être?
- Que signifie le risque lorsque l’on fume, qu’on consomme de la drogue, qu'on mise une grosse somme, qu’on a des relations sexuelles sans protection, etc.? Dans quelle mesure le risque est-il une abstraction intellectuelle, un défi de transgresser les impératifs de santé et de bien-être, ou autre chose?
Publications
Les noms des membres du groupe de recherche sont en gras
Guta, A. M. Gagnon, J. Mannell, and M. French. (2016). “Gendering the HIV ‘Treatment as Prevention’ Paradigm: Surveillance, Viral Loads, and Risky Bodies,” in Emily van der Meulen and Robert Heynen (eds). Expanding the Gaze: Gender and the Politics of Surveillance. Toronto: University of Toronto Press, pp. 156-184.
Gaspar, M., Grennan, T., Salit, I., and Grace, D. (2018). “Confronting comorbidity risks within HIV biographies: gay men’s integration of HPV-associated anal cancer risk into their narratives of living with HIV,” Health, Risk & Society https://doi.org/10.1080/13698575.2018.1519114.
Pavlyuk, O.,* Noble, B.F., Blakley, J.A.E., Jaeger, J.A.G. (2017): Fragmentary provisions for uncertainty disclosure and consideration in EA legislation, regulations and guidelines and the need for improvement. Environmental Impact Assessment Review 66: 14-23.
Lees, J.,* Jaeger, J.A.G., Gunn, J.A.E., Noble, B.F. (2016): Analysis of uncertainty consideration in environmental assessment: An empirical study of Canadian EA practice. Journal of Environmental Planning and Management 59(11): 2024-2044.
Leung, W.,* Noble, B.F., Jaeger, J.A.G., Gunn, J.A.E. (2016): Disparate perceptions about uncertainty consideration and disclosure practices in environmental assessment and opportunities for improvement. Environmental Impact Assessment Review 57: 89-100.
Leung, W.*, Noble, B., Gunn, J., Jaeger, J.A.G. (2015): A review of uncertainty research in impact assessment. – Environmental Impact Assessment Review 50: 116-123.